La Pèira Millésime 2013
Si l’année 2013 est l’une des plus difficiles sur Bordeaux depuis 30 ans, désastreuse en bourgogne pour la deuxième année consécutive et plutôt capricieuse en Côte roannaise, dans notre région elle serait la plus belle réussite depuis 2001, capable de rivaliser avec les plus grands millésimes des années 80 et 90.
Jeb Dunnuck (Wine Advocate) se montre du même avis que les vignerons et observateurs en nous livrant ainsi ses impressions du millésime :
« Alors que la majorité des vignobles français a connu un temps frais et pluvieux, le Languedoc et le Roussillon ont bénéficié d’un ensoleillement constant qui laisse augurer d’un bon, voire d’un très bon millésime. Des vendanges tardives sur l’ensemble du territoire ont donné un millésime qualifié de « grand » mais atypique par Jérémie Depierre (La Pèira), qui décrit 2013 comme « alliant la délicatesse et la finesse toute juvénile du 2012 tout en se rapprochant de la structure et du corps du 2011, voire presque du 2010 ». Claude Fonquerle (L’Oustal Blanc) lui accorde que 2013 s’annonce atypique mais n’en fait pas moins remarquer le soyeux et la qualité des tanins. Anne Gros, du domaine éponyme, salue la grandeur de ce millésime dont elle commente « la maturation tardive, l’excellente acidité et les degrés d’alcool modérés ». Il s’agirait, selon elle, d’un millésime « précis, avec une petite touche d’austérité et offrant de belles perspectives de concentration.
Un grand millésime de garde ! » (« The Languedoc and Roussillon: 2011, 2012 and 2013 May 1, 2014 »).
Bilan climatique de l’année 2013:
• Printemps pluvieux, froid, une fleur tardive lors de la première quinzaine de juin, avec plusieurs semaines de retard.
• Des températures modérées pendant le cycle végétatif, plutôt fraiches en été, sauvées par un bel été indien qui favorise la maturation.
• C’est ainsi que la cueillette chez La Pèira permet de rentrer des raisins dans un parfait
état sanitaire, sans voir tomber une seule goutte de pluie.
Il en résulte une certaine ressemblance aromatique entre ce millésime et le précédent. Autant les vins de 2012 sont construits sur la minéralité, la fraicheur et le fruit noir, autant ceux de 2013 sont vifs, vibrants et précis – mais avec une concentration, une pureté de fruit et une générosité des tanins notables pour les vins de La Pèira.
La Pèira 2013 – Terrasses Du Larzac
Année qui fera également date à La Pèira, 2013 marque non seulement l’avant dernier millésime vinifié par Jérémie Depierre, parti vers d’autres horizons après le 2014, mais aussi la première mise en bouteille d’une cuvée que nous préparons depuis dix ans: le La Pèira 2013 blanc, aboutissement d’une décennie d’efforts pour cultiver, conduire et apprivoiser la vigne.
La Pèira Blanc
Depuis notre tout premier millésime, nous vinifions le blanc Deusyls de La Pèira, une cuvée qui rencontre un franc succès dès son lancement en 2005, égal à celui de son équivalent rouge, notre second vin Le Las Flors.
« Sans doute l’un des meilleurs vins blanc du Midi qu’il m’ait été donné de déguster, en dit Simon Field, acheteur chez le caviste Berry Bros & Rudd, une consistance chaleureuse, de la viscosité, sur un nez qui évoque le fenouil, les fleurs printanières, le citron, la craie écrasée et des touches de tabac ».
Dix ans plus tard, nous sommes enfin en mesure de mettre en bouteille le La Pèira blanc. Car nous n’avons pas chômé dans l’intervalle, bien au contraire. Cette décennie passée est marquée par un travail acharné du sol et de la vigne. Elle a vu la plantation de nouveaux cépages blancs, en commençant par le viognier et la roussanne, auxquels sont venus s’ajouter la marsanne, la clairette blanche puis le grenache blanc. Un véritable travail de Titan, tant du côté des cépages blancs que des rouges, qui vient tout juste de se concrétiser dans nos cuvées.
Dans une démarche d’amélioration continue, nous avons repensé notre mode d’intervention dans les vignes – culture, conduite, travaux en vert – à travers un programme ambitieux de développement des cépages blancs, comme de plantation de nouvelles parcelles et de variétés de vignes rouges. Parmi celles-ci, signalons la syrah, plantée sur notre parcelle Bois de Pauliau entre 2009 et 2012 et qui commence seulement maintenant à donner son meilleur. A l’instar de cette dernière, le grenache, introduit sur la même parcelle en 2012, laisse espérer des raisins susceptibles un jour d’entrer dans notre grand vin. Ces dernières années ont également vu l’acquisition et la mise en valeur de vieilles vignes de carignan et de cinsault des plus prometteuses.
Notre vinification en blanc a ainsi connu une évolution spectaculaire depuis dix ans, nous permettant de prendre le recul nécessaire pour juger de la qualité du Deusyls 2005 à la lumière de nos connaissances actuelles. Désormais, ce vin sera au La Pèira blanc ce que le Las Flors est au La Pèira rouge – le second vin. Nous entendons, en effet, élaborer le La Pèira blanc dans le même esprit que son équivalent rouge, confiant dans notre capacité à tirer le plein potentiel des importants efforts déjà déployés pour replanter et améliorer le vignoble. De belles perspectives d’avenir pour nos vins blancs comme pour nos rouges !
Robert Dougan
juillet, 2015
La Pèira 2013
« Passant maintenant à leur cuvée phare, le La Pèira Terrasses du Larzac 2013 exprime toute la pureté et la fraicheur du millésime. Dégusté en primeur, cet assemblage à dominante de syrah associé à 30% de grenache impressionne par ses arômes de framboise, de cassis et de violettes, ses nuances florales et ses notes exotiques d’épices et de réglisse. En bouche, ce vin corsé à mi corsé met en valeur son fruité, se montrant fougueux et résolument élégant dans un registre très frais. Comme pour les autres échantillons primeurs 2013, vin promis à se bonifier en barrique, gagnant en consistance et en richesse. Etant donné sa grande pureté et son bel équilibre, je pense qu’il sera relativement accessible dès sa sortie tout en étant capable de vieillir encore quelques années. »
Wine Advocate 95–97/100 |
Las Flors De La Pèira 2013
« La cuvée Las Flors de La Pèira 2013 se constitue pour moitié de grenache, avec 25% de syrah et entre 10 et 15% de mourvèdre, et de cinsault et de carignan pour le reste. Elevé 18 mois dans des barriques allant de la plus grande à la plus petite, dont 15 à 20% de bois neuf, ce vin parfumé et élégant nous offre une bien belle interprétation de la cuvée Las Flors. Une profusion d’arômes de fraise, de framboise, de seringa et d’épices orientales, au profit d’un vin corsé à mi corsé, dynamique en bouche. Juteux et remarquablement frais, il devrait s’arrondir au cours de l’élevage en barrique pour s’étoffer encore en bouteille. »
Wine Advocate 91–94/100 |
Obriers De La Pèira 2014
« Ensuite, Les Obriers de la Pèira, à 17 livres la bouteille, constitue ce que l’on peut considérer comme son troisième vin (voir mes commentaires de dégustation d’une large sélection de millésimes ayant obtenu une note moyenne de 16 /16.5). » Jancis Robinson « Composée à 65% de cinsault et à 35% de Carignan, cette cuvée née d’une toute petite récolte a été élevée en cuves de béton ou foudres de bois neutre, puis tirée sans collage ni filtration. Moyennement corsé, pur et élégant, dans un style rappelant un peu la Bourgogne. »
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Lancement du millésime La Pèira Blanc
Nous sommes ravis d’annoncer la sortie du La Pe ira blanc 2013, une toute première cuvée dont il ne nous reste que 500 bouteilles et qui pourrait bien nous inciter à lancer son successeur, le millésime 2014.
Revenons tout d’abord à notre second vin blanc, le Deusyls de la Pèira, une cuvée largement plébiscitée dès sa sortie en 2005 comme l’attestent les remarques suivantes :
• Simon Field, MW (Master of Wine), acheteur chez Berry Bros & Rudd et chroniqueur vin au World of Fine Wine : « Un des meilleurs vins blanc du Midi qu’il m’ait été donné de déguster ».
• Jancis Robinson, commentant le Deusyls 2005 : « Un vin qui se dispute la vedette avec les plus beaux crus blancs du Rhône-septentional. Aussi captivant que gourmand. »
• David Schildknecht, Wine Advocate & The World of Fine Wine « Cette unique cuvée blanche de La Pe ira, issue d’un assemblage que viennent compléter les plantations nouvelles en marsanne et roussanne, étonne même ses créateurs par son excellence et sa vigueur ».
Comme nous l’expliquons dans un entretien avec Jancis Robinson (voir son article « Dégustation de La Pèira et autres trésors du Languedoc ») nous avons dès lors beaucoup appris sur les origines des cépages blancs de La Pèira :
« Exception au sein de l’appellation, la parcelle du Bois de Pauliau de la Pèira est classée en AOC depuis plus d’un demi-siècle en tant que vignoble le plus septentrional des deux zones constituant l’appellation Clairette du Languedoc (1948). C’est à proximité du domaine, toujours dans cette même appellation, qu’à été découvert en 2007 le domaine vinicole le plus ancien de France, datant de 10 ans après JC. D’ailleurs, la première trace écrite décrivant le vin français comme étant digne de mention remonte à l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien, où les blancs de Baeterre (aujourd’hui Béziers) ainsi que les rouges résineux de Vienne se distinguent comme vins d’exception. (Béziers s’élève dans une vaste plaine d’alluvions quaternaires qui se prolonge vers le nord en suivant deux filons, longeant la rivière Orb jusqu’à St Chinian et l’Hérault jusqu’aux Terrasses du Larzac). »
Nous nous sommes inspirés de cette longue tradition d’élaboration de vin blanc pour les plantations nouvelles de vigne blanche. Ainsi, à la marsanne et la roussanne sont venues s’ajouter de la clairette en 2009, suivies en 2013 par des pieds supplémentaires de roussanne et de grenache blanc.
La cuvée La Pèira blanc reflète l’entrée en production progressive de ces jeunes plants, se composant pour sa part de roussanne, de marsanne et de viognier. Or, les deux premiers cépages, comme chacun le sait, constituent l’assemblage des grands vins blancs d’Hermitage, tandis que le dernier est le cépage unique du Condrieu.
Un tirage limité pour cette cuvée inédite, qui s’inspire de l’expérience acquise sur 10 millésimes successifs du Deusyls et vient s’inscrire dans la continuité des travaux engagés depuis 2005.